Edito

Naissance d’un collectif

En ce jour – 25 novembre 2021 – de lutte contre les violences faites aux femmes, le Cha-U se dote d’un site internet, qui lui permet à la fois d’officialiser son existence et – nous l’espérons – d’amplifier le mouvement.

Après le suicide d’une doctorante en août 2020, une Assemblée des personnels en ligne, tenue le 30 novembre 2020 et consacrée au harcèlement à l’Université de Lorraine (à laquelle s’étaient jointes plus de cent personnes), avait démontré l’ampleur du problème et la nécessité d’une prise de conscience et d’une prise en charge collectives d’un phénomène bien plus structurel que conjoncturel. Depuis, le mouvement s’est organisé, a gagné en précision dans ses objectifs et s’est constitué en collectif, autonome et indépendant, au mois de mars 2021.

La naissance du Cha-U s’inscrit bien évidemment dans une actualité : la libération de la parole dans d’autres champs et institutions (l’entreprise, l’Ecole, le théâtre ou le cinéma, l’Eglise etc.) mais aussi, plus récemment, dans l’Enseignement supérieur et la recherche. SciencesPo Paris, l’ENS Lyon, Centrale Supelec… Quelque chose comme un #MeTooESR se met en place, y compris dans notre région.

Le Cha-U entend participer du mouvement. Si la parole se libère, il faut des gens pour écouter et aider celles et ceux qui « parlent » à devenir des acteurs et des actrices du changement (et non simplement des « victimes »). Mais il s’agit aussi de s’obliger toutes et tous à la vigilance : l’omertà doit être combattue. Du reste, les statuts de la Fonction publique nous donnent le devoir de signaler au Procureur de la République tout délit dont nous aurions connaissance (Article 40 du code de procédure pénale). Enfin, pour lutter le plus efficacement possible, nous avons besoin de comprendre. Comprendre ce que recouvre précisément le mot « harcèlement » (violence sexiste, sexuelle, symbolique, emprise morale, droit de cuissage, etc.), comprendre les conditions de production de ces faits et situations en contexte universitaire (logiques de domination propres au monde du « savoir », spécificités de la relation enseigné.e /enseignant.e ou jeune chercheur·se/encadrant·e). Comprendre, analyser, produire de la connaissance pour adapter les dispositifs et les formations, faire des propositions neuves et espérer enfin changer de monde.

Étudiant.es et personnels de l’Université de Lorraine (et d’ailleurs) : rejoignez-nous !