Chronique d’un harcèlement
Cela fait maintenant 2 ans que notre collègue, enseignante-chercheuse à l’Université de Lorraine, est traquée par un ex-compagnon. Aucune des nombreuses démarches qu’elle a engagées n’a pu mettre fin à cette situation invivable. Elle mène un combat d’autant plus difficile que la France tarde à reconnaître ce que d’autres pays qualifient de « harcèlement obsessionnel ». En guise de soutien, le Cha-U lui ouvre une page sur son site pour qu’elle y consigne les faits jour après jour, à compter du 29 avril 2025.
Objectif : documenter cette violence en temps réel et donner une visibilité à une expérience largement partagée puisque, selon les études, entre 12 et 18 % des femmes subiraient ce type de harcèlement au cours de leur vie. Notre collectif, engagé à ses côtés depuis le début, est convaincu qu’en l’absence de réponse judiciaire, il y a urgence à rompre les “solidarités claniques” (en d’autres mots les corporatismes de toute sorte – familiaux, amicaux, professionnels) tissées autour de l’agresseur. Puisse cette chronique achever de convaincre les personnes qui en doutent encore du calvaire qu’elle endure.
Depuis 2 ans, je suis victime de harcèlement. D’une forme de harcèlement qui échappe (encore) à la loi : l’individu (en l’occurrence mon ancien compagnon) me suit constamment dès lors que je me rends en ville ; il s’arrange pour être systématiquement dans les lieux où je me trouve : il assiste donc aux mêmes spectacles, aux mêmes concerts, parfois aux mêmes séances de cinéma que moi. Je le croise à chacun de mes déplacements dans le centre-ville de Metz, ou presque. J’ai découvert que ce comportement avait un nom : le harcèlement obsessionnel. En Suisse et au Luxembourg, ce type de comportement est puni par la loi.
Le harceleur fut mon compagnon durant 4 années : une histoire très compliquée et très douloureuse, faite de ruptures et de retrouvailles incessantes, de mensonges surtout, puisqu’il ne fut jamais le quasi-célibataire qu’il a prétendu être au début de notre histoire, ni le célibataire qu’il prétendait être devenu par la suite. Comme je finirai par l’apprendre, cet homme, que nous appellerons M., n’a en réalité cessé de passer d’une autre femme (Catherine) à moi.
M. a mis fin à notre histoire le 20 janvier 2023. Contrairement aux micro-ruptures précédentes, qui étaient presque immédiatement assorties d’un “bombardement” de messages ou de mails de reconquête, j’ai eu une paix royale pendant 3 mois.
Le harcèlement tel que je le vis aujourd’hui a débuté le 29 avril 2023 : M. a commencé à me relancer (avec des mots d’amour dignes du film romantique le plus passionné) par SMS puis, comme je ne répondais pas, par whatsapp, par mail, avant de passer aux appels, le tout accompagné de rondes en bas de chez moi et de traques dans la ville de Metz. Ce harcèlement intense a duré une vingtaine de jours, le temps pour moi de prendre contact avec Catherine (que je ne connaissais pas, et avec laquelle M. venait de renouer), et de décider d’un commun accord d’aller porter plainte contre lui. Elle- même subissait en fait le même type de comportement de la part de M., sur des périodes différentes.
Depuis ce jour, en dépit des 5 plaintes successivement déposées contre lui (qui ont entre autres entraîné une garde à vue de 9h pour lui), le harcèlement n’a jamais cessé, ni pour Catherine, ni pour moi, quoi qu’il ait varié d’intensité suivant les périodes. Beaucoup d’autres actions ont été tentées : actions de médiation de la part de membres d’associations ou de structures de lutte contre le harcèlement, prises de contact avec la famille du harceleur, article de témoignage dans le Républicain Lorrain (en date du 4 mars 2025). Ce journal de harcèlement est une action supplémentaire, qui a pour objectif de documenter ce calvaire au jour le jour, en complément d’une nouvelle démarche judiciaire.
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